Comment rejoindre mieux une génération Y ? En se servant d'outils qui lui ressemblent. (JMR)
(article original sur http://www.cluster21.com/blog/christophe_deschamps/les_digital_natives_inventent_le_web_qui_leur_ressemble)
Dans l'entreprise l'arrivée de la vague Web 2.0 commence à bousculer les habitudes et l'on pourrait presque s'étonner d'une telle convergence entre les attentes des digital natives et les promesses d'autonomisation, de décentralisation, de transversalité, de travail en réseau portées par ces nouveaux services. Rien que de très normal pourtant.
Si l'on examine par exemple les quatres services emblématiques du web 2.0 que sont del.icio.us, le service de partage de favoris qui a rendu populaires les folksonomies, Flickr, qui permet de partager ses photographies de manière originale, Youtube qui fait la même chose pour les fichiers videos et Bloglines, le service d'agrégation de flux RSS, que voit-on ? Que le premier a été lancé par Joshua Schachter (né en 1974), le second par Stewart Butterfield (1973), le troisième par Chad Hurley (1977) et le dernier par Mark Fletcher (1970). Tous développeurs et entrepreneurs du web issus de la dernière tranche de la Génération X et digital natives de la première heure, comme ils se plaisent à le rappeller. Ce qui nous fait dire qu'il y a là quelquechose d'endogène : ces personnes ont tout simplement créé les services dont elles avaient besoin ! C'est d'ailleurs très clair pour Joshua Schachter qui explique : « J'ai originellement créé Muxway (nom initial de del.icio.us) pour gérer mes propres signets. Avant même qu'il y ait un système, j'avais écrit quelques lignes de notes codées dans un fichier plat que j'utilisai pour mes liens, #wifi, #cs ou autre chose. Et je pouvais ensuite les rechercher, ainsi le « tagging » est clairement antérieur à del.icio.us".
En allant plus loin on pourrait dire que ces développeurs ont créé des services qui leur ressemblent naturellement, sans même en avoir conscience. En effet, nombre de leurs caractéristiques reflètent globalement celles que Marc Prensky prête aux digital natives (en gras) :
* Moins hiérarchisés / moins linéaires / plus intuitifs : les systèmes de tags de del.icio.us, Flickr ou YouTube permettent de classer un même item dans plusieurs catégories à la fois mais aussi de naviguer en « sautant » de tags en tags.
* Accélérateurs d'information via les flux RSS qu'ils produisent (del.icio.us, Flickr, YouTube) ou permettent de lire (Bloglines) et les possibilités de mise en réseau.
* Graphiques plutôt que textuels, car même si ces services ne sont pas de bons exemples (pour l'instant), on peut citer l'importance prise par les outils de mind mapping en ligne (1 en 2006, au moins 8 en 2007), ou par ceux qui permettent de représenter graphiquement des séries statistiques.
* Collaboratifs car ils permettent la constitution de réseaux ou de communautés de manière plus ou moins explicite : del.icio.us permet de partager ses favoris avec tous ou avec un réseau de personnes identifiées. Idem pour Flickr et Youtube.
* Rapidement gratifiants puisqu'on voit instantanément en front-office les résultats d'une action menée en back : publication d'un favori, d'une photo ou d'une vidéo, agrégation d'un fil RSS.
* Ludiques dans leur utilisation mais supportant des activités professionnelles (et notamment la veille grâce aux flux RSS).
Il faut donc considérer ces services à la fois comme les compléments, les supports et les résultats des processus mentaux de leurs créateurs. Des processus mentaux propres à cette génération née dans les années soixante-dix et imprégnée d'un certain nombre d'éléments socio-technologico-historiques l'ayant amené à envisager des réponses innovantes aux questions déjà traitées par la précédente.
De tout cela il est possible d'affirmer que le web 2.0 n'est pas un phénomène de mode mais le « produit » de toute une génération. La dernière tranche de la génération X l'a fait naître spontanément et sans concertation, les suivantes l'utilisent, le portent et l'amélioreront jusqu'à ce qu'un nouveau paradigme soit atteint et que l'on puisse célébrer l'avènement d'un éventuel web 3.0.
Marc Prensky, On the Horizon, NCB University Press, Vol. 9, No. 5, Octobre 2001.
mercredi 8 octobre 2008
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